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/image%2F0976309%2F20240114%2Fob_4e37fb_croix-16-1-1-jpg.jpg "Attentats du 13 novembre 2015 ---je témoigne---")
Attentats du 13 novembre 2015 ---je témoigne---
Préambule :
Après Charlie hebdo, c'est encore dans le 11ème arrondissement de Paris que les barbares ont frappé ce vendredi 13 novembre 2015...
Notre collègue Lionel, gradé au commissariat du 11ème, témoigne :
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10 mois après l’attentat de Charlie Hebdo, mon commissariat est de nouveau confronté à l’horreur…
Funeste journée que ce vendredi 13 novembre 2015.
Cela commence par une alerte en gare de paris-Lyon. La menace d’explosion d’une bombe est prise au sérieux. Des instructions nous enjoignent de sécuriser la gare… Une policière qui, comme beaucoup d’autre, sait mon engagement chrétien, me dit : « Major, je vous connais. Priez pour nous ! ». C’est qu’en effet au commissariat du 11ème, les esprits sont encore très marqués et le seront encore longtemps par les attentats de Charlie hebdo et l’assassinat de notre collègue Ahmed Merabet…(1)
Dans la gare et alentours, les recherches ne donnent aucun résultat. Rien ne se produit… Ouf ! Ce ne sera pas pour cette après-midi…
Depuis Charlie hebdo, la hantise d’attentats est permanente…
La fin de service arrive. Les agents de ma brigade rentrent chez eux…
- Pour la relève, la nuit s’annonce normale… Et, stupeur, en début de soirée se produit ce que nous redoutions le plus… Des tirs de pistolet mitrailleurs, des explosions sont entendues …
Dès les premières secondes arrive sur les ondes la nouvelle d’attentats contre des bars et restaurants du 11ème. Et plus tard le massacre du bataclan…
Mon épouse me dit, il y a des attentats sur Paris dans ton arrondissement…
Tout le commissariat est mobilisé.
Les renforts arrivent de tous les services pour sécuriser les lieux. Chaque agent est sur les dents… Méfiance, prudence… Très vite, entre les voitures, les cars de police, les véhicules de secours, les véhicules de télé et de radio, c’est l’encombrement… Le stress est à son comble… Un seul mot d’ordre : ‘’soyez professionnel ; gardez votre sang froid ; restez vigilant, faites au mieux’’ sont les recommandations de la hiérarchie officiers et gradés …
- Tant de blessé, tant de morts. Les corps sont transportés à l'institut médico-légal et les blessés évacués sur les hôpitaux parisiens.
Par endroit, l’on voit des flaques de sang, des douilles aussi. On retrouve même des boulons sur le boulevard Voltaire. C’est là qu’un terroriste s'est fait sauter avec un engin à dispersion… Une serveuse a été grièvement atteinte par ces boulons. Elle n’aurait pas dû travailler mais elle remplaçait sa collègue malade. Au restaurant "La belle équipe", un client, furieux de ne pouvoir être servi, venait de le quitter quand les balles ont frappé. Rue de la Fontaine Au Roi, à l'angle de la rue du Faubourg du Temple, une voiture est là, criblée de balles. Le conducteur et son amie arrivaient quand la fusillade a éclaté. Ils ont aussitôt été pris pour cible. Le couple a été grièvement atteint. Oh ! Que les rendez-vous du destin sont étranges…
Rue de Charonne, le restaurant ciblé se trouve juste en face des locaux de nos ami(e)s de l'Armée du Salut.
En milieu de matinée du 14, il reste encore 70 corps dans la salle de spectacle du Bataclan.
La foule commence à se masser derrière les barrières.
- A la différence de Charlie Hebdo, aucun policier n'a été tué ou blessé. En dehors, évidemment des tirs sur les effectifs intervenant au Bataclan, les terroristes non pas pris des policiers pour cible mais des civils, des hommes et des femmes qui ne demandaient rien à personne…
- Nos collègues ne se sont pas cantonnés à la sécurisation des sites, beaucoup ont dû aider les pompiers, les soignants pour évacuer les blessés et transporter les personnes décédées. L’après-midi on découvrait encore des morts…
Je puis vous témoigner que cela les a marqués… Que de douleur que de souffrance ! Les gémissements des blessés, les pleurs des uns, les cris des autres, la vision des corps que l’on emporte, vous saisissent aux tripes, provoquent des hauts le cœur…
Quels mots pour décrire le flot d’émotions contradictoires que suscite une telle désolation ?
La peur, l’inquiétude, l’appréhension, l’angoisse, le dispute à la colère, à la rancune, à la vengeance ainsi qu’à la frustration que génère une forme d’impuissance ; autant de sentiments qu’exacerbe le phénomène l’identification aux victimes…
Comment gérer, l’impact psychologique de cette explosion d’émotions ? Et tout chrétien que je suis, je suis reconnaissant de l’aide psychologique mise en place.
L'Unité de soutien aux effectifs et de Prévention est venue au commissariat le samedi en soirée. Croyez bien que les psy n’ont pas chômé…
- Dans ce drame, les manifestations de solidarités, de compassion, de fraternité agissent comme des baumes. Ont-elles adouci le chagrin des familles des victimes ? Je l'espère…
Par contre je puis témoigner que des gestes d’amitié à l’égard des forces de l’ordre ont réconforté les policiers du commissariat du 11ème et les agents de ma brigade… Par exemple ; une institutrice, amie de l'épouse d'un collègue, nous a remis des dessins de sa classe de C P, et leur lettre. Les enfants nous disent leur soutien aux policiers, que nous sommes des héros ; que notre courage, notre dévouement, a sauvé des personnes. Ils nous remercient d'assurer leur sécurité. Ils parlent de leurs frayeurs, de leurs craintes qu’eux ou leurs parents ne soient tués …
- Plus que jamais, alors que tout un chacun cherche à aller de l’avant, à transcender ce malheur, j’exhorte les chrétiens en général, les policier chrétiens en particulier, à prier pour tous ceux qui ont été touchés par ces attentats, familles, blessés, policiers.
Prions pour notre gouvernement et nos autorités.
Plus que jamais, nous avons à témoigner de l'espérance en Jésus-Christ.
Lionel
(1) voir les articles concernant Ahmed Merabet et la tuerie de Charlie hebdo...
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